PALMA LE VIEUX

PALMA LE VIEUX
PALMA LE VIEUX

PALMA LE VIEUX JACOPO NEGRETTI dit (1480 env.-1528)

Les documents sur Palma le Vieux sont rares: il est cité à Venise en 1510 seulement, la première commande dont on garde la trace est de 1520 et elle concerne une œuvre perdue, Le Mariage de la Vierge , peinte pour Sant’Antonio di Castello. Pourtant, malgré les divergences de la critique sur le nom de ses premiers maîtres ou sur la paternité de plusieurs œuvres importantes (attribuées, selon les cas, à Titien, à Lotto, à Benedetto Carpaccio avant de lui être rendues), les sources et l’évolution de son art sont assez bien définies: Palma trouve son point de départ dans la peinture vénitienne du Quattrocento finissant; il en retient l’ordonnance des grands polyptyques à double registre, les schémas de composition, les thèmes iconographiques (Sacre Conversazioni , Christ portant la croix , Christ bénissant ). La mise en page de ses premiers portraits montre également ce qu’il doit à Bellini, tandis que la Madone lisant (musée de Berlin) se rattache évidemment à Carpaccio (l’œuvre a d’ailleurs été parfois attribuée au fils de celui-ci, Benedetto).

Mais dès les premières années du siècle, Palma réagit à l’art de Giorgione, peignant de petites compositions mythologiques ou allégoriques (Mars et Vénus , musée de Brooklyn; Concert en plein air , coll. part., Grande-Bretagne), des paysages animés de figures et baignant dans une ambiance arcadienne, mystérieuse: le Hallebardier regardant une femme et deux enfants (coll. Wilstach, Philadelphie) est, en quelque sorte, une transposition de la Tempête . Les madones (Vierge avec saint Georges et sainte Lucie , Vicence), les portraits de cette période (Les Fiancés , musée de Budapest; L’Arioste , National Gallery, Londres) ont la même origine et offrent une densité tonale nouvelle qui annonce la richesse chromatique des œuvres ultérieures. Celle-ci s’affirme dans le polyptyque du Martyre de saint Pierre (env. 1510-1515, église de Serina, près de Bergame) où Palma joue du contraste entre le clair-obscur et les couleurs vives, entre la masse sombre des arbres au centre et l’échappée claire d’un paysage à la manière de Giorgione, tandis que la course éperdue d’un moine effrayé rappelle Carpaccio (Saint Jérôme ramenant le lion au monastère ) et que le cercle de putti apportant du ciel la couronne du martyre est traité dans l’esprit de Lorenzo Lotto: cette affinité avec Lotto, Bergamasque comme lui, persistera d’ailleurs dans l’œuvre de Palma, par exemple dans certains portraits exécutés à la fin de sa vie (pinacothèque Querini-Stampaglia). Mais, autour de 1515, c’est l’ascendant de Titien qui domine: Palma acquiert au contact de ses œuvres l’ampleur monumentale, l’aisance sereine qui caractérisent sa maturité. À partir de 1518, il élabore dans ses portraits féminins le type de beauté sensuelle et grave où il donne le meilleur de son art: ces belles Vénitiennes épanouies dans l’éclat de leurs riches vêtements, de leurs lourdes chevelures dorées (La Bella , coll. Thyssen; Flore , National Gallery, Londres; Lucrèce , musée de Vienne; Les Trois Sœurs , musée de Dresde) dérivent directement de Titien auquel on rend aujourd’hui la plus admirable d’entre elles, La Violante (musée de Vienne), longtemps attribuée à Palma. La maîtrise des rythmes de composition, de la couleur, des effets lumineux apparaît avec autant de force dans les tableaux religieux: le Polyptyque de sainte Barbe (Santa Maria Formosa, Venise), fermement ordonné autour de la puissante figure de la sainte, le Polyptyque de la Purification de la Vierge à Serina, La Sainte Famille (musée du Louvre), L’Adoration des mages (musée Brera, Milan). Quant à la Sacra Conversazione de l’Académie de Venise, par la qualité du paysage et la richesse de l’accord tonal, la construction décentrée, en oblique, l’attitude et l’expression de la Vierge, elle trahit plus que jamais l’influence de Titien, très précisément de la Madona di Ca’ Pesaro (1526, église des Frari, Venise), au point qu’on a supposé son intervention dans cette peinture qui constitue l’expression la plus achevée de l’art de Palma Vecchio et une œuvre majeure de la peinture vénitienne.

Palma le Vieux
(Iacopo Nigretti, dit) (v. 1480 - 1528) peintre italien, dans la manière de Titien.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Поможем написать реферат

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Palma le vieux — Jeune Femme de profil, Wien Kunsthistorisches Museum (vers 1512) Palma le Vieux (ou Palma l Ancien), en italien Palma il Vecchio, est le nom donné par les historiens de l art[1] à Jacopo d Antonio Negretti ( …   Wikipédia en Français

  • Palma le Vieux — Jeune Femme de profil, Wien Kunsthistorisches Museum (vers 1512) Palma le Vieux (ou Palma l Ancien), en italien Palma il Vecchio, est le nom donné par les historiens de l art[1] à Jacopo d Antonio Negretti (Serina, vers 1480 …   Wikipédia en Français

  • Palma il Vecchio — Palma le Vieux Jeune Femme de profil, Wien Kunsthistorisches Museum (vers 1512) Palma le Vieux (ou Palma l Ancien), en italien Palma il Vecchio, est le nom donné par les historiens de l art[1] à Jacopo d Antonio Negretti ( …   Wikipédia en Français

  • Palma l'Ancien — Palma le Vieux Jeune Femme de profil, Wien Kunsthistorisches Museum (vers 1512) Palma le Vieux (ou Palma l Ancien), en italien Palma il Vecchio, est le nom donné par les historiens de l art[1] à Jacopo d Antonio Negretti ( …   Wikipédia en Français

  • PALMA LE JEUNE — JACOPO DI ANTONIO NEGRETTI dit (1544 1628) Fils du peintre Antonio Negretti, lui même neveu de Palma le Vieux, Palma le Jeune se forme d’abord près de son père à Venise et étudie les œuvres de Titien avant de partir pour Urbin où il découvre… …   Encyclopédie Universelle

  • Palma il Giovane — Palma le Jeune Vénus et Mars Palma le Jeune, en italien Palma il Giovane, né Jacopo di Antonio Negretti (Venise 1544, Venise 1628) est un peintre italien maniériste, le petit neveu de Palma le Vieux …   Wikipédia en Français

  • Palma le jeune — Vénus et Mars Palma le Jeune, en italien Palma il Giovane, né Jacopo di Antonio Negretti (Venise 1544, Venise 1628) est un peintre italien maniériste, le petit neveu de Palma le Vieux …   Wikipédia en Français

  • Palma — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Sommaire 1 Prénom 2 Patronymes …   Wikipédia en Français

  • Palma le Jeune — Vénus et Mars Palma le Jeune, en italien Palma il Giovane, né Jacopo di Antonio Negretti (Venise 1544, Venise 1628) est un peintre italien maniériste, le petit neveu de Palma le Vieux …   Wikipédia en Français

  • PALMA DE MAJORQUE — ou PALMA Ville principale de l’île de Majorque et de l’archipel des Baléares, chef lieu de la communauté autonome des Baléares, Palma avait une population estimée à 308 000 habitants en 1991, soit plus de la moitié de la population de l’île… …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”